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Détails sur le produit
Poche: 1245 pages
Editeur : Folio (22 mai 2003)
Collection : Folio clasique
Langue : Français
ISBN-10: 2070412911
ISBN-13: 978-2070412914
Dimensions du produit:
17,8 x 5,3 x 11 cm
Moyenne des commentaires client :
3.9 étoiles sur 5
5 commentaires client
Classement des meilleures ventes d'Amazon:
60.552 en Livres (Voir les 100 premiers en Livres)
Les Mémoires du cardial de Retz sont un labyrinthe de subtilités, de faux semblants, de négociations sans fin, de personnages hauts en couleurs et qui changent d’avis ou qui change de camp et où l’on peut se perdre, surtout quand les mêmes personnes sont désignées ici par leurs titres, là par leur noms, voire par leurs prénoms, selon les moments, un labyrinthe où, finalement, l’on ne se perd pas car Madame Simone Bertière nous prend en main, nous explique, nous dit le cadre, nous fourni un glossaire, nous donne de petits résumés essentiels de chacun, nous fait vivre la Grande Histoire de l’intérieur avec toutes les petites histoires du temps telles qu’elles furent vécues par l’un de ses acteurs, un temps compliqués et passionnant, celui de la Fronde. Car ce temps n’est surement pas que subtilités, mais subtilités contradictoires superposées à des violences extrêmes. On prévient Retz qu’il doit d’enfuir car on vient l’arrêter ; il demande quelques minutes de réflexion et organise une émeute générale de Paris qui le met à l’abri de toute poursuite. Une autre émeute ? Il est renversé, un pistolet sur la tempe, on le reconnaît et il est porté en triomphe. Les discussions au Parlement étant très incertaines et peut être violentes il s’y prépare en regroupant des hommes en armes à sa dévotion dans une pièce et accumulant des grenades dans une pièce voisine. Une divergence d’opinion et ce sont les cadavres de vingt gardes jetés dans la Seine. Il échappe à un attentat car, au dernier moment, il a changé d’itinéraire pour reconduire une Dame chez elle. Et quand il apprend qu’il ne doit surtout aller à tel endroit car une embuscade y a été organisée pour l’assassiner il s’ y précipite, escorté de deux cents gentilhommes en armes et présente ses politesses et ses bénédictions les plus onctueuses à ses assassins. Mais même le provocateur le plus subtil peut être trompé : on l’arrête, on l’emprisonne (en ces temps là être Cardinal ne suffit pas pour être respecté) et, après longtemps de prison, il s’évade dans des conditions minutieusement préparées et qui échouent pour un reflet, pour l’écart d’un cheval. La suite n’est qu’aventures. Arrivé par la mer en Espagne, déguisé, en tenue misérable, il est arrêté, on doit le pendre le lendemain, il obtient un témoignage, il est reconnu, ce ne sont plus qu’honneurs et dévotions (un Cardinal ! Au dessus des Grands) et bourse copieuse du roi d’Espagne, qu’il refuse. Bref autant de scénarios que l’on voudra, mais difficiles à maîtriser, sauf si l’on est le Cardinal de Retz. Et avec ça un verbe alerte, sarcastique, direct, car ces Mémoires sont une longue lettre à une Dame (Madame de Sévigné ?) et où, en quelques lignes enlevées il exécute les portraits impitoyables des personnages essentiels, le mot exécution étant souvent celui qui convient, comme pour ce vieux Cardinal « rompu et corrompu aux affaires ». Enfin ne cherchez pas la sortie du labyrinthe : il n’y en a pas. Qu’il ait cherché à éliminer Mazarin, ce Romain de Sicile, et à se jouer d’Anne d’Autriche, cette régente espagnole, soit ; mais ce n’était pas pour prendre la place de l’un ou pour être le favori de l’autre, c’était par jeu, pour le plaisir, pour donner suite au jeune homme querelleur et indomptable qu’il fut, pour la bagarre.
De prime abord, il est vrai, on peut être perturbé par l'imposant ouvrage de poche. Je ne conseillerai pas de lire la totalité de l’œuvre, mais au moins de s'attacher aux portraits ironiques, délicieusement méchants. L'auteur eut un rôle essentiel lors de la Fronde : Retz eut certes pendant un moment énormément de pouvoir aux côtés de Condé mais il reste surtout connu pour avoir fui, pour sa chute lors du règne personnel de Louis XIV. De sa plume succulente - un style d'écriture aussi beau que celui de Saint-Simon - il raconte son implication dans la Fronde justement, en n'épargnant personne.
Le sort réservé au Cardinal de Retz (Gondi pour les intimes) est assez étrange. Tout démontre en effet que Retz devrait avoir une place majeure dans notre littérature; un style et une langue admirables, un sens de l'observation des réalités de son temps hors du commun, une intelligence subtile, une grande culture (c'est lui par exemple qui fit traduire Gracian en français). A cela se rajoute le fait que l'on a affaire à un homme d'action qui grâce à sa position sociale avait ses entrées partout et était donc extrêmement bien informé. Par là -même, ses Mémoires sont un document de connaissance historique et sociologique d'une très grande valeur.Retz est pourtant fort peu lu désormais et souvent mis à l'écart.Cela tient, à mon avis, à son caractère plutôt inclassable et à sa personnalité improbable dans une perspective contemporaine.Cardinal ne dissimulant guère son parfait athéisme, aristocrate tribun du peuple, joueur politique invétéré, Retz fit de sa vie un roman et une aventure et somme toute, cela fut probablement sa seule véritable ambition. Prêtez donc attention aux écrits de cet inclassable car il en vaut vraiment la peine.Je ne peux résister à vous donner ici quelques réflexions de ce cher vieux Gondi:"...Il fit si bien qu'il se trouva sur la tête de tout le monde dans le temps que tout le monde croyait l'avoir encore à ses côtés. ""( le clergé ) qui donne toujours l'exemple de la servitude, la prêchait aux autres sous le titre d'obéissance. ""Les monarchies les plus établies et les monarques les plus autorisés ne se soutiennent que par l'assemblage des armes et des lois ; et cet assemblage est si nécessaire que les unes ne se peuvent maintenir sans les autres. ""Ce qui cause l'assoupissement (dans les états qui souffrent) est la durée du mal, qui saisit l'imagination des hommes, et qui leur fait croire qu'il ne finira jamais. Aussitôt qu'ils trouvent jour à en sortir, ce qui ne manque jamais lorsqu'il est venu jusqu`à un certain point ils sont si surpris, si aisés et si emportés, qu'ils passent tout d'un coup à l'autre extrémité et que bien loin de considérer les révolutions comme impossibles, ils les croient faciles ; et cette disposition toute seule est quelquefois capable de les faire.""Si cette femme eût eu autant de sincérité que d'esprit, de beauté, de douceur, et de vertu, elle eût été une merveille accomplie.""L'un des plus grands défauts des hommes est qu'ils cherchent presque toujours dans les malheurs qui leur arrivent par leurs fautes, des excuses devant que d'y chercher des remèdes."
Gros pavé aujourd'hui un peu méconnu mais superbe de bout en bout: une perle, un sommet de la littérature classique. Les amateurs du genre peuvent se plonger sans retenue dans cet océan déchainé et parfaitement maitrisé.
Honnêtement, la seule et unique raison qui m'a poussée à lire ce livre est une obligation scolaire. Devant lire des mémoires, j'ai choisi ceux-ci parce qu'Alexandre Dumas s'en inspire dans les œuvres que j'ai lues précédemment (Les Trois Mousquetaires, Vingt Ans après et Le Vicomte de Bragelonne) : cela me permettait d'avoir la « vérité historique », c'est-à -dire l'Histoire vécue par un contemporain, d'une part, et le roman historique d'autre part, et de pouvoir ainsi faire quelques comparaisons. Il s'avère que c'est un calvaire à lire : c'est pompeux, long, mal découpé, et j'en passe. Bref, si vous n'êtes pas obligés de lire ce livre, ne le lisez pas.
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